ATVB : Expérimentation viticole

Les différents thèmes abordés :Les différents modes de conduite étudiés au Domaine du Mont Battois
 

     - Mode de conduite
 

     - Taille de la vigne
 

     - Enherbement
 
 
 
 
 

    1 - Modes de conduite

    Traditionnellement, les vignobles de qualité sont plantés à une densité relativement élevée. Ainsi, la disposition normale des ceps, en Bourgogne, est de 1 mètre entre les rangs et 1 mètre sur le rang, ce qui fait 10 000 pieds de vigne à l'hectare.
    Cette façon de procéder est très qualitative car chaque souche ne porte que peu de raisin. Elle découle des plantations " en foule " du passé, avant l'invasion phylloxérique et la mécanisation du vignoble. Le nombre de ceps pouvait atteindre 40 000 pieds à l'hectare, plantés sans ordre particulier.
    Pour être qualitative, cette densité élevée n'en est pas moins coûteuse, tant à l'installation qu'en entretien.
    C'est pourquoi il a été recherché d'autres modes de conduite de la vigne.

    La vigne haute et large a été la première solution proposée. On utilise alors le même type de palissage qu'en vigne basse, mais avec un écartement entre les rangs plus grand (de l'ordre de 2 m à 3 m 50) et un palissage plus élevée. Cela permet une réduction des coûts certes, mais au détriment de la qualité, surtout pour les vins rouges.

    Alors, le Professeur Alain Carbonneau proposa la vigne en Lyre. Il s'agit là d'un palissage en deux plans ouverts, les rangs de vigne prenant, en coupe, l'aspect d'un Y.

                                Vigne en Lyre :

Vigne en lyre    Les essais faits en Bourgogne ont montré que la Lyre permettait aussi bien une réduction des coûts de plantation et d'exploitation que l'obtention d'une qualité globalement équivalente à celle des vins issus des vignes basses traditionnelles.
Cela s'explique notamment par l'obtention d'une "surface foliaire exposée" plus importante: plus il y a de feuilles produisant, par le biais de la photosynthèse, des sucres (et autres), mieux une même quantité de raisin mûrit.
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Mode de conduite Rendement Degré alcoolique Acidité totale
Vigne basse 11.5 T/ha 10.9  % vol. 7.1 g/l (en H2SO4)
Vigne haute 11.1 T/ha 9.9 % vol. 9.3 g/l (en H2SO4)
Vigne en Lyre 9.6 T/ha 11 % vol. 8.8 g/l (en H2SO4)

(chiffres donnés à titre indicatif, résultats d'une expérimentation, nous contacter pour de plus amples renseignements)
    Avantages supplémentaires de la vigne en Lyre :

    - meilleur microclimat au niveau des grappes (favorable à un bon état sanitaire et à la coloration des baies)

    - ne nécessite pas de tracteur enjambeur spécifique de la vigne basse

    - confort de travail accru pour les travaux de taille, ébourgeonnage ...

    - résultats à la dégustation similaires ou supérieurs



 
 
 

   2 - La taille de la vigne

    La vigne est une plante pérenne, capable de vivre plus de cent ans, mais lorsqu'elle est abandonnée à elle-même, elle retourne rapidement à un état quasi sauvage. Cet état est celui d'une liane, dont les longs pampres grimpent en s'accrochant avec leurs vrilles sur n'importe quel support. Afin de contenir cette exubérante végétation, le viticulteur soumet tous les hivers les pieds de vigne à une taille sévère.
    Cette taille va conditionner la quantité de végétation et de fruits que le pied de vigne portera à la belle saison. Il s'agit donc là d'une étape essentielle.
    En Bourgogne, il se pratique plusieurs modes de taille différents : une taille longue, le Guyot, la plus pratiquée, et des tailles courtes, comme le cordon de Royat, simple ou double, voire l'éventail, rarissime.
 
 
 

Résultats de 4 années d'expérimentation sur un clone de pinot noir, au Domaine du Mont Battois :  

Mode de taille  Rendement en Kg/cep Degré alcoolique  Acidité Totale (g/l )
Guyot 1.53 9.0 % vol. 8.0 g/l (en H2SO4)
Cordon de Royat double 1.28 10.0 % vol. 7.6 g/l (en H2SO4)
Cordon de Royat simple 1.42 10.0 % vol. 7.3 g/l (en H2SO4)
Éventail 1.43 9.4 % vol. 7.5 g/l (en H2SO4)

    On constate que les tailles courtes permettent l'obtention de rendements plus faibles, avec une meilleure maturité du raisin. De plus, lorsque le cep est bien formé, la taille en cordon de Royat permet d'étaler la végétation dans tout l'espace disponible. Cela permet de bénéficier de tout l'ensoleillement et d'éviter un entassement du feuillage favorable aux maladies cryptogamiques.

    Les tailles courtes présentent un avantage supplémentaire : c'est celui de ne causer que de petites plaies. Guérissant plus vite, ces plaies perdent plus rapidement leur sensibilité à l'infection des maladies du bois que sont l'Esca et l'Eutypiose. Leur plus faible section diminue de surcroît la probabilité de contact avec les spores de ces champignons



 
 
 
 
 
 

   3 - L'enherbement permanent
 
 
 

    Buts :

                         Limiter la vigueur : production moindre, mais plus qualitative (maturité et état sanitaire)

                         Limiter l'érosion, par la présence d'un couvert végétal qui va freiner le ruissellement

                        Maintenir un taux de matière organique : stabilité structurale des sols

    Mise en oeuvre :

 Éviter l'utilisation des herbicides résiduaires pendant une période de deux ans minimum avant la date de semis
 Assurer un bon contact semis/terre : effectuer un travail fin du sol, et si possible rouler après semis pour tasser légèrement
 Éviter le passage d'engins (favoriser le semis d'automne)
 
 

    Variétés testées et effets observés :

Sédamix :
Mélange du commerce, composé de différentes graminées.
Le sédamix a eu un effet marqué sur le rendement : il a été observé une diminution de 25 % environ de la récolte sur le site du Mont Battois. La maturité a été fortement favorisée par cette chute de production, avec un gain de 1 % vol. en moyenne. Il convient de noter que parmi les variétés semées en mélange, l'une peut évoluer et finir par dominer les autres. Suivant le sol et les pratiques du viticulteur, l'effet, à terme, peut être variable.

Fétuque rouge.
La fétuque rouge a eu un effet un peu moins marqué sur le rendement que le sédamix, de l'ordre de 20% en moyenne. La maturité a été améliorée par cette diminution de la récolte, avec un gain de 0.5 % vol. en moyenne. Remarque : la fétuque rouge peut être déconseillée en côteau, à cause des risques de glissade qu'elle entraîne (plus que les autres variétés).

Paturin des prés.
La paturin des prés a entraîné la même diminution de récolte que la fétuque rouge, mais sans entraîner de hausse du degré alcoolique potentiel aussi importante.

Ray-grass.
Le ray-grass, comme le sédamix, a eu un effet dépressif marqué sur le rendement et la vigueur, avec environ 25% de récolte en moins. Le gain de maturité est toutefois plus faible, avec seulement 0.2%vol.

Fétuque élevée.
L'effet de cette variété s'est montré excessif en sol peu profond, de coteau. Le rendement n'est plus que du tiers de celui du témoin, avec un gain de maturité relativement limité, de 1% vol. en moyenne ( réduction de la surface foliaire et stress hydrique)

Trèfle souterrain.
Cette légumineuse réalise l'essentiel de son cycle pendant le repos végétatif de la vigne, mais est toutefois bien présente lors des risques de gelées de printemps, d'où risque de dégâts accrus. Elle a permis dans les essais du Mont Battois un léger gain de sucres et de rendement.
 
 

En conclusion, il apparaît que l'enherbement et le choix de la variété sont à raisonner en fonction de plusieurs critères :

         - En situation gélives, éviter d'utiliser le trèfle souterrain. Lors du débourrement et des semaines qui suivent, il ne peut être tondu, car il est en fleur. Cette présence importante accroît d'autant les risque de gelées.

        -  Si la profondeur de terre est faible, une variété à forte concurrence risque de causer une sécheresse importante, avec une chute de rendement excessive et un degré pas forcément beaucoup plus élevé.

        -  En cas de sol maigre, avec un taux de matière organique faible et une alimentation azotée limitée, un apport d'azote peut s'avérer nécessaire, au moins durant les premières années d'installation de l'enherbement.

        -  D'éventuel problèmes de fermentescibilité apparus en vinification en blanc surtout à la suite de l'enherbement peuvent être rencontrés si le moût est carencé en azote. L'apport de sulfate d'ammonium ou de phosphate diammonique à mi-fermentation, avec éventuellement une bonne aération après le premier quart de la fermentation devrait résoudre ces problèmes de fermentations languissantes ou arrêts de FA.
 
 

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